© Opale

Octavio PAZ

prix Nobel 1990

 

« Pour ses écrits passionnés aux vastes horizons qui se reconnaissent par leur intelligence sensuelle. »




Octavio Paz naît le 31 mars 1914 à Mixcoac, un village qui fait aujourd’hui partie de Mexico (Mexique) pendant la révolution. Son grand-père paternel était un intellectuel libéral d'importance qui fut un des premiers romanciers à écrire sur les Indiens. Grâce à lui et à sa généreuse bibliothèque, Octavio Paz entre très tôt en contact avec la littérature. La lecture de Proust est une révélation.


Son père, Octavio Paz Solórzano, est un journaliste politique très actif et avocat qui, avec d'autres intellectuels progressistes, rejoint le mouvement dirigé par Emiliano Zapata. Il fut même le secrétaire de celui-ci. Josefina Lozano, sa mère, est une Espagnole issue d’émigrés andalous. La famille Paz s’exile aux Etats-Unis quand Zapata est assassiné. A leur retour, Octavio Paz étudie le droit et la littérature à l’université, mais refuse de passer ses diplômes. Son ambition est d’être poète.


A dix-sept ans, Octavio Paz fonde une revue d'avant-garde dans laquelle paraîssent ses premiers poèmes deux ans plus tard. Il crée une école pour jeune travailleurs. En 1933, il publie son premier recueil : Luna Silvestre. Plus tard, partant en Espagne notamment à Valence pour la guerre civile, il rencontre Pablo Neruda avec lequel il se lie d'amitié, lequel l’encourage à l’écrire. Soutenant la lutte des républicains et le combat antifasciste, il participe au Second Congrès International des Ecrivains Anti-Fascistes. Il rencontre André Malraux et André Gide. En 1937, il se marie avec Elena Garro, écrivain mexicaine. Ils divorceront en 1959. Deux enfants, Jésus et Helena, naîtront.


De retour au Mexique en 1938, il participe très activement à la revue « Taller », atelier, (1938-1941) dont il est un des fondateurs et qui est dirigée par Rafael Solena où l'on découvre tous les jeunes poètes de cette génération et une nouvelle sensibilité littéraire.


En 1943, il voyage aux Etats-Unis où il s'immerge dans la poésie moderne anglo-américaine. Deux ans plus tard, il entre dans le corps diplomatique mexicain et se retrouve en France en 1946, où il écrit son étude fondamentale sur l'identité mexicaine : Le labyrinthe des solitudes qui sortira en 1950. En outre, il participe activement à des publications émanent des mouvements surréalistes avec André Breton et Benjamin Peret. Ce dernier traduira Pierre de Soleil qui voit le jour en 1957 et paraît dans son recueil Liberté sur paroles qui rassemble ses poèmes écrits entre 1935 et 1957. Ce poème réfère à la planète Vénus, un symbole du soleil et de l’eau dans la mythologie aztèque et la déesse de l’amour pour les Occidentaux : une ode à l’érotisme.


Dégoûté par Staline, il rejette la gauche quand la guerre froide commence. Par ce parti pris, il se différencie radicalement de Pablo Neruda qui reste communiste toute sa vie et de Gabriel Garcia Marquez qui défendit la révolution cubaine. L’amitié de Paz avec ceux-ci en souffrira.


Sa carrière diplomatique se poursuit en Inde, en Suisse et au Japon.


En 1962, Octavio Paz est nommé Ambassadeur du Mexique en Inde. C'est un moment important de sa carrière pendant lequel il écrit plusieurs livres dont Le singe grammairien. Il rencontre la Française, Marie-José Tramini qu’il épouse en secondes noces. Il compose Courant alternatif, un recueil d'essais littéraires et politiques en 1967 et deux recueils sur Claude Levi Strauss (1967) et Marcel Duchamp (1968). On sent l’influence de l'Orient qu’il habite depuis des années dans un recueil comme Versant Est (1969) qui réunit ses poèmes écrits en Inde.


Il démissionne de son poste d’ambassadeur en 1968 comme signe de protestation contre la violente et sanglante répression de son gouvernement contre les étudiants de Tlatelolco durant les Jeux Olympiques de Mexico.


De 1968 à 1970, Paz est professeur de littérature sud-américaine dans les universités de Texas, Austin, Pittsburgh et Pennsylvanie. Il enseigne également à Harvard et Cambridge de 1971 à 1972. Pendant ces années, il écrit, entre autres, Posdata (1970) : une interprétation des erreurs du système politique mexicain et sa relation à la culture.


Depuis lors, Octavio Paz se consacre à son travail d'éditeur, ayant fondé deux revues consacrées aux Arts et à la Politique : "Plural" (1971-1976) dans laquelle collaborèrent certains des écrivains les plus  importants de la génération qui lui succéda et "Vuelta" (1976) qu’il dirigera jusqu’à la fin de sa vie.


Los Hijos del Lomo (1974) explore l’histoire de la poésie moderne du romantisme allemand à l’avant-garde des années 50. Même si Paz était connu comme un défenseur du néo-libéralisme, il critique la faiblesse de ce type de démocratie dans Tiempo nublado (1983), La otra voz (1990) and Itinerario (1993).
En 1980, il reçoit le titre de Docteur Honoris Causa de l'Université de Harvard. Il reçoit le Prix Cervantes en 1981, la plus prestigieuse récompense du monde hispanophone, et le prestigieux Prix Neustadt en 1982.
Mais sa plus grande récompense, c'est en 1990 qu'il l'obtient : Octavio Paz reçoit le Prix Nobel de Littérature.


Dans Le signe et le grimoire, essais sur l’art mexicain (1993), Paz traite de l’art pré-colombien, il contemple aussi les peintures de Rufino Tamayo et de Frieda Kahlo.


En 1996, un incendie dans son domicile détruit une bonne partie de ses livres et de ses tableaux. Sa dernière apparition en public a lieu en décembre 1997 lors de la cérémonie pour l’ouverture de la fondation portant son nom en présence du président Ernesto Zedillo.


Et quand il s'éteint le 19 avril 1998, les plus grands auteurs actuels sont unanimes pour lui rendre hommage : "Je crois qu'avec Octavio Paz disparaît une des plus grandes figures de la culture contemporaine. En tant que poète, essayiste, penseur, il a laissé une trace profonde, et des admirateurs, et des adversaires émus par ses idées, ses images esthétiques, et les valeurs qu'il défendait avec intelligence et passion..." (Mario Vargas Llosa)