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Sigrid UNDSET

prix Nobel 1928


“Principalement pour ses puissances descriptions de la vie du Nord au Moyen-Age.”





Sigrid Undset naît le 20 mai en 1882 au Danemark. Elle est la première fille d’Anne Charlotte Gyth, danoise, et Ingvald Unset, célèbre archéologue norvégien qui l’initie aux sagas et à l’amour du Moyen-Age dès l’enfance. Elle vit ses deux premières années au Danemark. En 1884, la famille Undset part habiter en Norvège à Kristiana (aujourd’hui Oslo).


De plus en plus souvent malade, le père réduit la fréquence de ses voyages. A huit ans, Sigrid entre à l’école Ragna Nielsen, un établissement mixte où régnait la fibre patriotique en refusant l’union de la Norvège avec la Suède. Beaucoup de gens ayant des sympathies de gauche y envoyaient leurs enfants.


Le père de Sigrid meurt quand elle a onze ans. C’est un véritable choc, surtout pour elle, qui était très proche de lui. Sa mère jusqu’alors secrétaire de son mari se retrouve face à un problème d’argent. Elle attendra deux ans pour bénéficier d’une pension honorifique de l’Etat. Ragna Nielsen offre la scolarité aux trois filles.


Sigrid est une enfant solitaire d’une sensibilité accrue. Elle commence à peindre, fabrique un théâtre de marionnettes dans lequel elle fait des représentations, crée un journal nommé « Le trèfle à quatre feuilles » avec sa seule amie Emma. Elle écrit des poèmes et se lance dans un feuilleton. Elle refuse de passer son baccalauréat et quitte l’école de Ragna Nielsen à seize ans. Son certificat d’études porte la mention « excellent ». En tant qu’aînée, elle décide de travailler pour le foyer, sa mère refusant l’aide de ses propres parents. Sigrid rentre donc au lycée professionnel, mais elle en sort un an plus tard. L’ennui qu’elle éprouvait à l’école est multiplié par dix. Elle entre comme secrétaire à AEG, firme allemande. Elle lit beaucoup - notamment Le livre des livres, recueil de ballades danoises, et se met à écrire.


A vingt-trois ans, elle finit son premier roman, Aage Nielsson d’Ulvholm, qui se déroule au Moyen-Age. Il est refusé par les éditions Gyldenthal à Copenhague : « Ne vous lancez pas dans les romans historiques, ce n’est pas votre truc. » ! Elle écrit alors Madame Marthe Oulie que les éditions Aschehoug rejettent. Sa sœur Signe propose à Sigrid d’apporter le manuscrit à l’écrivain Gunnar Heiberg. Celui-ci le recommande à Aschehoug qui l’accepte alors. Sigrid Undset a 25 ans.


En 1908, elle publie son deuxième roman L’Age heureux où elle s’intéresse aux femmes solitaires qui travaillent dans les villes en ce début de siècle en rêvant du prince charmant. L’année suivante paraît Vigdis la farouche, roman inspiré des sagas islandaises. Son héroïne préfigure Kristin Lavransdatter. Elle a quinze ans à peine quand Viga Ljot, un marin islandais, s'éprend d'elle. Déchirée entre la passion de Viga Ljot et l'amour de son ami Kare, Vigdis s'enfuit. Viga, désespéré, retourne en Islande où il tente de l'oublier. Dans la solitude et la honte, elle accouchera d'un fils. Et c'est à lui qu'elle demandera un jour de la venger en déposant la tête de Viga sur ses genoux.


En 1909, Sigrid Undset obtient une bourse d’écrivain. Elle quitte donc son travail pour partir en voyage, d’abord en Allemagne puis en Italie où ses parents vécurent avant sa naissance. Elle y rencontre Anders Svarstad, peintre renommé dont elle tombe éperdument amoureuse. Il a treize ans de plus qu’elle, il est marié avec trois enfants. Ils se retrouvent à Paris où ils vivent ensemble. En août 1910, Sigrid rentre en Norvège pour remplacer sa sœur, Signe, malade. Jeunesse sort quand elle commence son quatrième roman consacré à la peintre Jenny Winge. Elle rencontre Nini Roll Anker, une écrivain avec qui elle entretenait déjà une correspondance. En 1911, Jenny est un véritable succès même si certains critiques relèvent son immoralité et qui heurte les féministes. A vingt neuf ans, Jenny, jeune artiste peintre, n'a jamais été amoureuse. Lorsqu'elle rencontre à Rome Helge, un jeune étudiant norvégien, elle croit avoir trouvé l'âme soeur. De retour en Norvège, elle découvre qu'elle s'est trompée et se réfugie dans les bras du père de ce dernier. L'originalité de ce roman réside dans le fait que le lecteur croit que la liaison entre le père du jeune homme et Jenny va provoquer un scandale dans la bonne société. Hors, il n'en est rien.


En 1912, Anders et Sigrid se marient enfin. Elle est déjà enceinte. L’enfant, Anders, né à Rome, a du mal à grossir ; Sigrid rentre avec lui en Norvège pour le sauver. Son mari la rejoint plus tard. Le petit garçon est sauf. En 1914, Printemps sort : Rose Wegner a épousé Torkild sans l’aimer véritablement. Elle prend l’initiative de rompre un mariage qui n'en est plus un. Comme elle prendra ensuite celle de regagner son foyer, parce qu’elle a décidé de le diriger elle-même, en affrontant les préjugés qui, naturellement, épargnent son époux.


Charlotte, surnommée Mosse, naît l’année suivante. Très vite, la petite fille a des crises de convulsion et s’avère, non pas épileptique, mais handicapée mentale. Sort La légende du Roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde et deux ans plus tard, L’Éclat du miroir magique.


Depuis 1916, Sigrid accueille dans le foyer familial les enfants du premier mariage de son mari, Trond , Ebba et Gunhild. Mais son mari préfère la retrouver seule plutôt qu’au milieu des enfants. Sigrid réalise que son mari ne l’aide pas assez.


A la fin de la guerre, épuisée, elle part se reposer. Les filles d’Anders se montent contre leur belle-mère, celle-ci décide de quitter leur appartement de Sinsen avec ses enfants pour Lillehammer. Son troisième enfant, Hans, naît au mois d’août de la même année, 1919. Le père n’est pas là. Lasse de son époque où l’individualisme et le matérialisme règnent, Sigrid replonge dans son amour du Moyen-Age, mais finit avant Le Point de vue d’une femme. Son mari vient les voir, elle et les enfants, mais il ne parle pas de l’avenir. Sigrid a encore l’espoir de le voir vivre avec eux. A cette période, elle se tourne vers le catholicisme.


Le premier tome de Kristin Lavransdatter, La Couronne sort en 1920. Sigrid Undset s'empare du Moyen-Âge scandinave pour dépeindre la vie de Kristin Lavransdatter, jeune femme qui ose vivre sans craindre de briser les tabous sociaux et religieux de son temps. Défiant l'autorité du père tant respecté, elle refuse d'épouser l'homme que celui-ci lui destine car elle aime Erlend, le chevalier au passé scandaleux. Rien ne pourra désormais la séparer de cet homme à qui elle se donne sans hésiter. Mais le couple que forment Kristin et Erlend va subir l'épreuve de la réalité.


L’écrivain voyage dans son pays pour se rendre sur les lieux de son roman.


Prenant conscience de ce que Sigrid leur a donné, les filles d’Anders se rapprochent d’elle.


Elle achète la maison qu’elle loue depuis son arrivée à Lillehammer. La rupture avec son mari est définitive. Elle baptise sa maison Bjerkeboeg.


En 1921, La femme au foyer sort et en 1922, La croix, deuxième et troisième tome de Kristin Lavransdatter. Kristin, amante passionnée à seize ans, épouse et mère à dix-sept, se retrouve maîtresse du domaine de Husaby. Très vite elle va apprendre à le diriger, à devenir celle sur qui tous se reposent. Mais ses fils, devenus des hommes, rejetteront le joug de la tendresse maternelle. L'un après l'autre ils s'en iront et Erlend, la quittera. Chacun attend que l’autre vienne le chercher jusqu’à une fin dramatique. Dans ce roman, comme toujours dans l'oeuvre de Sigrid Undset, la nature occupe une place importante. La trilogie connaît un grand succès ce qui permet à Sigrid d’engager une personne au service de Mosse nuit et jour.


Elle reçoit un salaire d’écrivain à vie de l’Etat norvégien. L’année suivante, elle traduite trois sagas islandaises. Elle s’achète une nouvelle maison qu’elle juxtapose à la sienne : ce sera son bureau.


En 1924, elle se convertit au catholicisme selon le Concile de trente. Elle publie Olav Audunsson à Hestiken. En 1927, parution de Propagande catholique et Olav Audunsson et ses enfants. En 1928, elle entre comme dominicaine du tiers ordre sous le nom de sœur Olave avant de recevoir le prix Nobel de littérature. Avec l’argent de celui-ci, elle crée deux fondations, l’une du nom de sa fille pour aider les parents d’enfants handicapés mentaux à avoir leurs enfants auprès d’eux, l’autre, la Fondation Saint-Gudmund permettant à des enfants pauvres de suivre une scolarité dans des écoles catholiques.


Elle revient à un sujet contemporain avec Gymnadenia qui paraît en 1929, Saint-Olav, roi de Norvège et Le buisson ardent en 1930. En 1931, elle voyage à Gotland et en Islande après une traduction de L’homme éternel de Chesterton. En 1932, elle publie Ida Elisabeth, en 1933, Etapes et en 1934, Sagas des Saints et Onze années qui retrace son enfance.


En 1935, elle participe à la défense du rédacteur et pacifiste allemande Carl Von Ossietzky contre Knut Hamsun. Sigrid Undset est sur la liste des auteurs bannis par l’Allemagne nazie. Elle est élue présidente de l’Association des écrivains en Norvège. En 1936, paraît La femme fidèle. En 1937, elle voyage en Angleterre, en Ecosse et dans les Orcades.


En 1939, sa fille décède à l’âge de 23 ans. La deuxième guerre mondiale éclate et elle héberge des enfants finlandais. La même année, elle publie Madame Dorthea Quand, en 1940, les Allemands envahissent la Norvège, elle fuit en Suède. Le 27 avril, son fils aîné est tué sur le pont de Segalstad et le 13 juillet, elle part avec son fils Hans au Etats-Unis via Moscou, Vladivostok et le Japon.


Elle s’installe à New-York et parcourt le pays en faisant des conférences sur la guerre qui détruit son pays. Elle devient ce qu’elle appelle un soldat de l’information. En 1942, elle publie Retour vers le futur en anglais. La même année, elle est élue présidente de l’association Free Norway. Son mari, Anders Svarstad, meurt en 1943. L’année suivante, Sigrid siège à la Commission américaine pour la protection et le sauvetage des documents historiques et artistiques dans des zones d’opérations militaires. A la fin de la guerre, elle quitte avec nostalgie New-York et les chères amitiés qu’elle a réussi à y créer Elle retrouve son pays où beaucoup d’amis norvégiens sont morts, et sa maison qui a été habitée par les Nazis. Retour vers le futur est interdit par l’ambassade soviétique. En 1947, parution de Jours heureux en Norvège. Elle est la première femme à être décorée de la Grande-Croix de Saint-Olav. Son manuscrit Catherine de Suède est refusé par l’éditeur américain qui le lui avait commandé.


Elle meurt le 10 juin 1949.